Le 8 mai 2025, l’élection du pape Léon XIV a remis en lumière les liens anciens qui unissent la papauté à Lyon. Conciles décisifs, couronnements, séjours pontificaux… Avant Avignon, Lyon fut, au fil des siècles, l’une des capitales spirituelles de la chrétienté. Retour sur un passé prestigieux aujourd’hui méconnu.
Le pape François est mort. Le 8 mai, Robert Francis Prevost, américano-péruvien, est élu 267e pape de l’Église catholique sous le nom de Léon XIV. L’occasion de se pencher sur les liens qui unissent la papauté à Lyon. Bien que largement méconnu aujourd’hui, Lyon a souvent été l’un des épicentres de l’Église. La ville, qui avait vu couler le sang des premiers martyrs chrétiens pendant l’Antiquité, a par la suite accueilli de nombreux papes, parfois sur de longues périodes, ou alors de passage, notamment à l’occasion de deux conciles au Moyen Âge, des assemblées réunissant la totalité des évêques, jusqu’à il y a 30 ans avec la venue de Jean Paul II en 1986 [lire l’encadré]. Plus encore, un archevêque de Lyon, Pierre de Tarentaise (1225-1276), a même été élu pape au XIIIe siècle.
“Si l’on met à part les États pontificaux [dont Avignon, NdlR], et sans doute l’Italie, où, naturellement, plusieurs cités furent à maintes reprises visitées par les papes, Lyon est la ville de la chrétienté qui eut le plus souvent et, au total, le plus longtemps cet honneur : onze souverains pontifes, huit ans et cinq mois de séjour environ”, affirme le médiéviste René Fédou dans son ouvrage Les Papes du Moyen Âge à Lyon (1988), qui fait figure de référence dans son domaine.
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1245 : Le premier concile de Lyon
En 1245, le pape Innocent IV, menacé à Rome et en conflit ouvert dans une lutte de pouvoir avec le Saint Empire romain germanique, choisit de fuir l’Italie et d’organiser cette assemblée dans une ville plus sûre afin de déposer l’empereur Frédéric II de son autorité. Si Reims avait d’abord été proposé, le roi de France, Louis IX, déclina, souhaitant rester neutre dans cette affaire. Lyon s’impose alors grâce à son emplacement géographique à la lisière du royaume de France et du Saint Empire. “C’est une ville qui n’est pas en France, mais où le roi de France n’est pas loin. Si jamais il avait besoin d’une protection, le pape pouvait espérer compter sur le roi”, rappelle Bruno Galland, historien et directeur des archives départementales et métropolitaines. S’ajoute à cela la présence, déjà nombreuse, de congrégations religieuses, condition sine qua non pour recevoir un nombre important de voyageurs – 150 évêques drainant leur escorte civile et militaire – dans une ville qui compte alors à peine 8 000 habitants. Le pape Innocent IV s’installe à Saint-Just, sur les hauteurs, et reste dans la ville six années, par prudence, où princes, grands seigneurs et ambassadeurs du monde entier se présentent à lui, faisant temporairement de Lyon la capitale de la chrétienté au sens politique. Les sessions du concile se déroulent toutes dans la cathédrale Saint-Jean, encore en chantier à cette période. De l’avis des historiens, ce concile fut peu mémorable sur le plan spirituel, mais aura tout de même agi pour la ville comme un accélérateur de croissance économique, intellectuelle et artistique, faisant de Lyon une véritable “seconde Rome” pendant les années de présence du souverain pontife.
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