Bernard Devert , président fondateur d'Habitat & Humanisme
Bernard Devert , président fondateur d’Habitat & Humanisme @William Pham
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Bernard Devert, prêtre bâtisseur

Habitat & Humanisme a 40 ans cette année. Son président-fondateur , le Père Devert, raconte les prémisses de ce qui deviendra un phare dans la lutte contre le mal-logement.

Bernard Devert est né en 1947. Après des études de droit, ce Lyonnais se lance dans un grand cabinet d’administration d’immeubles avant de créer, à 37 ans, sa propre société de promotion immobilière. Trois ans plus tard, il est nommé prêtre. Il prend alors conscience des injustices liées au logement et du bien qu’il peut faire. Une rencontre décisive sera à l’origine d’Habitat & Humanisme qui, en 2025, célèbre son 40e anniversaire.

Lyon Capitale : Êtes-vous une grande gueule ?

Bernard Devert : Non, je n’en ai pas le sentiment. La démarche d’Habitat & Humanisme n’est pas de dénoncer, mais d’énoncer des propositions concrètes qui ouvrent le champ des possibles. Un travail de recherche qui invite avec patience à remettre “l’ouvrage sur le métier”.

Qu’est-ce qui, aujourd’hui, vous met en colère ?

L’indifférence. Dire je n’y peux rien, c’est perdre l’une des composantes essentielles qui construit notre humanité, l’indignation. L’engagement en est la conséquence. Le drame, c’est que la société s’est habituée au mal-logement au lieu de prendre les décisions qui s’imposent en urgence pour que des enfants et leurs mamans ne soient pas à la rue. Jamais, il n’y en a tant eu. Vous comprendrez pourquoi nous fêtons le 40e anniversaire d’Habitat et Humanisme avec discrétion. La fête sera celle de la défaite du mal-logement.

Les 11 400 logements d’Habitat & Humanisme réalisés sont, certes, une goutte d’eau dans l’immensité du mal-logement, mais une goutte d’eau tout de même…

C’est vrai, d’autant que ces logements sont réalisés dans des quartiers équilibrés pour accueillir des personnes qui, souvent en grande fragilité, ne pensaient pas pouvoir les rejoindre ; la vulnérabilité conduit à être au ban de la société.

Qu’entendez-vous par “quartiers équilibrés” ?

Des quartiers où la pauvreté est effacée, sauf celle de la solitude, cet autre cancer social, encore qu’il y ait un lien très fort entre pauvreté et isolement. L’action d’Habitat & Humanisme est de ne pas ajouter de la fragilité à la fragilité, constitutive d’un ghetto dont on sort difficilement, ainsi ces quartiers dits “perdus pour la République”. Ils le sont pour ces femmes, ces hommes et ces jeunes qui pensent qu’ils n’ont pas de place dans la société. La leur donner, c’est construire, pour leur permettre de se reconstruire.

“La question du sens est désormais prégnante, notamment au sein de la jeune génération qui entend donner du sens à son existence.”

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